La Transe Cognitive

Après une initiation auprès de chamanes mongols et sibériens de plus de 2 ans, j’ai pu observer cet état de transe ainsi que les effets chez les chamanes mais également chez moi. Avec d’autres confrères et consœurs, nous avons commencé à prendre de la distance avec ces pratiques ritualisées pour comprendre ce qu’il se passait concrètement lors de ces cérémonies. Nous n’étions pas à l’aise à pratiquer nous-même des rituels issus de cultures dont nous n’étions pas originaires !!


J’ai donc décidé d’emprunter le chemin tracé par Corinne SOMBRUN en menant moi-même une expérience grandeur nature sur la transe cognitive. Je vais tenter de vous exposer de la façon la plus simple et détaillée possible pourquoi, afin que vous vous fassiez votre propre avis.


Avant de vous parler de Corinne SOMBRUN et de ses recherches, j’aimerai revenir sur cette notion de transe chamanique en vous citant quelques passages de l’étude menée par Charlotte Grégoire, Corine Sombrun, Olivia Gosseries, et Audrey Vanhaudenhuyse : « La transe cognitive auto-induite : caractéristiques et applications thérapeutiques potentielles » :

" La conviction du chamane d’être en contact avec ces entités surnaturelles, ainsi que son costume et la forme ritualisée, très codifiée, de la cérémonie sont des éléments clés du rituel : ils lui donnent une crédibilité aux yeux des autres personnes présentes, qui sont à leur tour convaincues de la réalité des pouvoirs surnaturels du chamane. Via cette procédure, toutes les personnes présentes lors du rituel entrent en contact avec ce monde « paranormal », et un sentiment de connexion, essentiel à la mise en confiance, est symboliquement établi entre les personnes présentes "


"Pour expliquer l’effet de ce rituel chamanique sur le consultant, on peut faire appel au concept de « guérison symbolique », défini par Lévi-Strauss comme une forme de thérapie qui n’implique pas l’administration de médicaments, mais fonctionne via l’utilisation du langage, de rituels et de symboles. Le chamane peut dès lors être considéré comme un spécialiste de l’interprétation et de la manipulation de symboles culturels puissants. Il active des croyances et attentes du consultant relatives aux conceptions sociétales de la maladie et de la mort, ce qui aurait des effets émotionnels et cognitifs importants et déclencherait une réponse psycho-neuro-immunologique. En d’autres termes, par la théâtralité, le symbolisme, l’imagerie et les métaphores du rituel, le chamane offre au consultant un moyen de comprendre les raisons de ses difficultés, via leur réinterprétation cognitive, qui les rend plus faciles à endurer, diminuant ainsi son anxiété. La création de connexions entre les systèmes somatique, psychologique, social et mythique représente la base du processus de « guérison », ou réparation, chamanique. "


"Par ailleurs, l’humain a une tendance à répondre positivement à n’importe quel traitement qui lui semble crédible, via un effet placebo, ce qui peut également influencer favorablement l’issue du rituel chamanique. Le placebo est d’ailleurs de plus en plus souvent considéré comme un allié thérapeutique, en ce sens qu’il peut permettre des réponses psychologiques et physiologiques qui vont provoquer des changements biochimiques et physiologiques positifs."


Au cours de l’Histoire, les pouvoirs politiques et religieux ont eu un rôle incontestable dans la marginalisation puis le rejet des pratiques de transes en Occident. Pendant des siècles, la pensée rationnelle était la seule tolérée et ses représentants persécutaient la « pensée sauvage », jugée folklorique voire diabolique. Au XXème siècle, les différentes formes de transes, pourtant ancrées dans plusieurs centaines de sociétés traditionnelles dans le monde, étaient encore considérées par les anthropologues occidentaux comme une théâtralisation culturelle.

Alors Corinne, qui es-tu ?

Ethnomusicienne, pianiste, écrivaine, c’est au cours d’un documentaire qu’elle réalise en Mongolie pour BBC World en 2001, que Corine Sombrun assiste à une cérémonie chamanique et part pour la première fois en transe involontairement sans avoir pris aucune substance psycho active.


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Pour rendre possible l’analyse de ce phénomène en laboratoire Corine Sombrun devait se passer du son du tambour, c’est ainsi qu’elle a découvert la possibilité d’auto induire une transe par la seule volonté. En 2017, de nombreux tests psychologiques et diverses investigations en psychiatrie et IRMf plus tard, le bilan est clair : les tracés sont similaires à l'addition de trois symptômes dissociatifs connus dans les bandes de fréquences bêta : manie, dépression, schizophrénie. Mais chez elle, rien de pathologique. Après quelques minutes en état de transe volontaire, son cerveau retrouve une activité normale.


Cet état modifié de conscience est enfin reconnu comme étant un potentiel naturel de tout cerveau humain, un phénomène dissociatif non pathologique. Sorti de tout contexte culturel, il sera nommé : « transe cognitive » 


Le saviez-vous ?

Quels sont les autres états modifiés de conscience ?

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Existe-t-il d’autres formes de transes ?


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Quelles sont les différentes ondes cérébrales ?

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Quels ont été les résultats observés sur le cerveau lors de transe cognitive ?


  • Comme indiqué précédemment, le résultat le plus surprenant démontre la présence de plusieurs marqueurs dans les EEGs fortement semblables à des marqueurs de dépression, de manie et de schizophrénie, les trois présents simultanément dans les mesures et disparaissant complètement au repos.


  • Une augmentation de la connectivité interhémisphérique


  • Une augmentation de l’activité des ondes bêta


  • L’hémisphère droit qui exprime nos émotions « s'enflamme » jusqu'à devenir prédominant.


  • Le cortex préfrontal, le système conscient analytique distinguant Homo sapiens du règne animal, est légèrement inhibé (Cet effacement permet à certaines zones du cerveau plus archaïque de s’activées offrant ainsi à d'autres fonctions cérébrales plus intuitives la possibilité de s'exprimer) . 


  • La rapidité de transmission électrique des flux synaptiques sous transe était six fois plus rapide dans un état ordinaire de conscience - 50 millisecondes versus 300 - ( On sait aujourd’hui que dans ces états d’urgence, la conscience ordinaire réagit trop lentement. Donc systématiquement le cerveau propose une stratégie de survie qui est l’état modifié de conscience.)

Et concrètement, qu’est ce qu’il ressort des expériences et études menées jusqu’à présent ?


Ce qui est formidable c’est que d’après bon nombre d’études sur les différentes transes traditionnelles on observe un regroupement d’éléments phénoménologiques communs aux diverses pratiques. Ce qui veut dire que la transe est un état naturel universel à tous les humains !!


Voici une liste non-exhaustive des effets qui ont pu être observés lors ou après la transe cognitive :


  • Expansion du champs de conscience
  • De nouvelles ressources naturelles d’apprentissages intuitifs
  • Augmentation de la force et de l’endurance physique
  • Augmentation de la résistance à la douleur
  • Des expériences émotionnelles marquantes, des mémoires traumatiques peuvent être revécues permettant ainsi de les surmonter, les traverser, en sécurité.
  • Elle apporte également humilité, bienveillance et autonomie.
  • Elle transforme notre rapport au vivant, les souvenirs sont intégrés et nos perceptions dans la vie de tous les jours évoluent. Cela change notre rapport au monde.
  • On observe une augmentation des moments d’inspirations artistiques intenses, à de l’intuition où les idées originales sont multipliées et fluides.
  • La notion du temps et de l’espace sont altérés.
  • Le corps peut également se mettre spontanément en mouvement, des visions ainsi que des perceptions sensorielles hors norme peuvent émerger.
  • Chaque transeur constate que la transe lui ouvre un accès amplifié à des informations pas ou peu accessibles dans un état de conscience ordinaire.     
  • Plusieurs rapportent une perception accrue du corps, des sensations d’unité et de bonheur, accompagnées d’une impression de désincarnation et un sentiment de vivre une expérience spirituelle.
  • Un autre langage apparait parfois, appelé le « protolangage » (langage ancien, commun à tous les humains).⠀
  • Pour moi, la transe permet avant tout d’amplifier le processus d’autoguérison du corps et de l’esprit.
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« Les animaux domestiques sont capables de détecter des maladies. Ils repèrent sans doute des odeurs, des informations dans l'environnement, ce que je ressens parfois », explique la musicologue. Comme si l'état de transe permettait d'entrer « en contact intime » avec tout le vivant, et de ressentir un champ de perceptions peu ou pas accessible dans notre état de conscience ordinaire.

Pourquoi utiliser un tambour si l’idée n’est pas de s’apparenter à un rituel ?

Déjà parce que j’adore le son du tambour, et celui-ci en particulier. Avec son mètre de diamètre, posé sur des pieds en bois, il vibre à des fréquences plutôt basses, ce qui rend le son encore plus hypnotique.


De plus, je ne dispose pas des boucles de sons que Corinne a pu isoler avec l’aide de scientifiques. Il me fallait donc un outil que je maitrise et qui a fait ses preuves. Il existe différentes façons d’accéder à la transe : percussions, mouvements, sons, suggestions hypnotiques, substances psychoactives, boucles de sons numérisés, récitation de mantras, etc.

Et même si je partage la vision exprimée plus haut sur la notion de folklore, je reste néanmoins attaché à la notion d’esprit et de guide. Avec toutes les expériences atypiques que j’ai eu l’honneur de vivre, je ne peux et ne veux pas me détacher de cette croyance. Même si je ne peux rien affirmer, elle m’aide à structurer ma pensée et certains de mes soins.


Le principe pour trouver l’état recherché, c’est d’émettre des stimulus répétitifs qui vont jouer le rôle de catalyseur. Ils saturent les sens et permettent à d’autres fonctions cognitives de s’exprimer. Un peu comme si l’on distrayait le chef d’orchestre afin que des instruments en arrière-plan puissent jouer librement.

Du coup comment fonctionne cet espace libre de transe que j’organise tous les mois ?

Dans un 1er temps, chaque participants et participantes vont remplir un questionnaire d’auto-évaluation qui porte sur l’ensemble des manifestations psycho-somatiques anormales que l’on peut trouver dans nos vies quotidiennes. Cette étape sera réitérée à chaque session afin d’objectiver les résultats de la transe. Encore une fois, il n’est pas question ici de faire du tourisme spirituel, il est important qu’il y ait des effets concrets sur vos vies !!

Ensuite, allongés par terre sur un matelas, les yeux fermés (ensuite, la position de départ n’aura plus beaucoup d’importance). L’idée est que le corps soit le plus disponible possible à l’émergence d’un mouvement. Les yeux fermés permettent de se concentrer dans un premier temps sur ses processus internes, plus tard sur l’environnement.


Le mot d’ordre : « Surtout ne faites rien, laissez faire, laissez émerger ce qui se présente à votre corps, à votre voix, ne réprimez pas le geste qui se présente, les sons que votre voix veut bien émettre. »


Après une session de respirations pour s’ancrer « ici et maintenant » et préparer le corps et l’esprit à cette ouverture de conscience, je vais jouer du tambour à une fréquence bien particulière.(  De précédentes recherches ont montré que la fréquence des percussions utilisée se situait entre 3 et 7 Hz selon un rythme immuable, cette fréquence correspondant à celle des ondes thêta du cerveau. Ce qu’a confirmé Michael Harner, célèbre anthropologue américain, qui a déterminé que 220 battements par minute (un peu moins de 4 Hz) étaient la fréquence idéale.)


Ce qui aura pour visée " la destruction de notre système de coordonnées figé ou restreint et, par le fait même, nous ouvrir, fût-ce quelques instants, à un nouveau complexe relationnel souple et ample ».


N’oublions pas ce que Chris Frith disait : « Ce que nous voyons n’est pas le monde mais un modèle du monde créé par notre cerveau ». A partir de ce constat, le fait d’ouvrir notre champs de perception, nous ouvrons notre champs des possibles, et redonnons ainsi du mouvement dans notre vie !!


« Vivre une transe, c’est accepter de ne plus savoir qui je suis et si je ne sais plus qui je suis, je suis libre de devenir ce que je suis ». 

" Nous avons en nous un génome commun à tout le vivant ! Cela signifie que notre ADN est en partie commun avec celui du loup, de l’abeille, du brin d’herbe ou du chêne,… ».⠀

" Nous avons un grand jeu de cartes à notre disposition et nous pouvons activer la carte dont nous avons besoin pour nous réparer "

.....Corinne Sombrun.....

A la fin de cette session, nous prendrons un moment pour revenir dans notre espace temps, et échanger sur les expériences qui auront été vécues. Il y a autant de façon de vivre la transe, qu’il y a de transeurs !!


Quid des autres études menées sur la transe cognitive ?

Etude de Flor-Henry

 Jet al

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Etude de Hove et al. (2016)

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Etude de Huels et al.

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Etude de Martial et al.

(2020)

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Modalités pratiques :

  • Tarif: 30 €
  • Lieu: Les mésanges, 7 chemin de goninville, 91490 Oncy-sur-Ecole
  • Heure: 20h30
  • Dates:
  • mercredi 17 janvier 2024
  • mercredi 28 février 2024
  • mercredi 27 mars 2024
  • mercredi 24 avril 2024
  • mercredi 22 mai 2024
  • mercredi 19 juin 2024
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